Le mélanome est une forme de cancer qui touche les cellules mélanocytes de la peau, qui produisent les pigments [1]. Au cours des dernières décennies, le nombre de nouveaux cas de mélanome a augmenté au Canada [2]. En 2022, on estimait que 9 000 Canadiens seraient diagnostiqués avec cette maladie [1]. Le cancer de la peau sans mélanome est bien plus fréquent, mais le mélanome est le plus mortel des cancers de la peau [3].
L’exposition aux rayons solaires est le plus important facteur de risque de mélanome [1]. Les facteurs de risque non modifiables (inchangeables) du mélanome comprennent le fait d’avoir de nombreux grains de beauté atypiques, d’avoir la peau, les yeux ou les cheveux clairs, des antécédents personnels ou familiaux de cancer de la peau et les rares mutations génétiques [4].
Facteurs de risque professionnels connus
Facteurs de risque professionnels possibles
Dans le SSMP, on a constaté que les travailleurs des métiers de la construction, de l’agriculture, les conducteurs de véhicules transport, les travailleurs des industries du pétrole, les services de protection et les professionnels de la santé présentaient des risques de mélanome accrus comparé à tous les travailleurs répertoriés dans le système.
Il existe plusieurs facteurs de risque qui peuvent expliquer le risque accru de mélanome chez les travailleurs du secteur de la construction. L’un des facteurs possibles est que les métiers de la construction présentent l’un des niveaux les plus élevés d’exposition au soleil en raison de l’importance du travail fait à l’extérieur [6].
Les biphényles polychlorés (BPC) sont des substances cancérigènes connues qui ont été utilisées par le passé dans divers matériaux de construction, y compris l’équipement électrique, l’isolation des câbles et les adhésifs[7-8]. Au Canada, l’interdiction de 1977 sur les BPC autorisait l’utilisation d’équipement contenant des BPC jusqu’à la fin de sa durée de vie utile, donc les travailleurs de la construction peuvent avoir été exposés de façon permanente en travaillant avec d’anciens équipements [7].
Les travailleurs agricoles font souvent beaucoup de travail à l’extérieur avec une exposition prolongée aux rayons solaires, ce qui peut contribuer à un risque accru de mélanome [9]. Il existe peu de données probantes sur l’exposition aux pesticides comme facteur de risque potentiel pour le mélanome [10-11].
Les travailleurs occupant des postes de conducteur de véhicules de transport présentaient des risques accrus de mélanome dans le SSMP. L’exposition au rayonnement UV (ultraviolet) pendant les vols peuvent faire que les conducteurs d’aéronefs présentent des risques accrus de développer un mélanome [12-14]. Les pare-brise des aéronefs bloquent une partie des rayons UV transmis, mais pas la totalité [14]. D’autres métiers dans ce secteur, comme les chauffeurs de bus, de taxi et de camions, peuvent entrainer une exposition au rayonnement UV par les fenêtres du véhicule.
Les travailleurs des industries du pétrole peuvent être exposés aux rayons solaires lors du travail en plein air. Ils peuvent être exposés à des produits chimiques comme les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) et le benzène, mais leur rôle dans le développement du mélanome n’est pas clairement établi [16-18]. Les HAP et le benzène se trouvent dans le pétrole brut et les produits dérivés du pétrole et les travailleurs peuvent y être exposés par inhalation et contact cutané pendant les phases de production, de forage et de maintenance [10,18].
Divers métiers des services de protection présentent un risque accru de mélanome dans la SSMP. Les travailleurs des services de protection peuvent être exposés aux rayons solaires pendant les missions et formations en plein air [19]. De plus, les pompiers peuvent être exposés si de l’équipement ou des matériaux contenant des BPC sont endommagés au cours d’un incendie [15].
La raison pour laquelle les travailleurs de la santé présentent un risque accru de mélanome n’est pas claire, mais certaines données suggèrent un lien avec l’exposition professionnelle au rayonnement ionisant [20-21]. Les travailleurs de la santé peuvent être exposés au rayonnement ionisant lors des procédures de diagnostic et de traitement, comme les radiographies médicales. Toutefois, une exposition non professionnelle au soleil ne peut pas être écartée.
Plusieurs autres groupes professionnels présentaient des risques accrus de mélanome, comme les métiers de l’enseignement et des loisirs. Les travailleurs dans ces groupes peuvent être exposés à de longues périodes au soleil lors des activités en plein air, comme les récréations, les sorties et les sports de plein air. L’exposition au soleil en dehors des heures de travail peut aussi jouer un rôle dans les risques accrus observés chez ces groupes.
Figure 1. Risque de diagnostic de mélanome chez les travailleurs employés dans chaque groupe d’industries par rapport à tous les autres, Système de surveillance des maladies professionnelles (SSMP), 2006-2020
Pour obtenir le rapport de risque, on divise l’estimation du temps moyen nécessaire pour diagnostiquer la maladie chez les travailleurs de chaque groupe d’industries/professionnel par celui nécessaire pour diagnostiquer la maladie chez tous les autres groupes pendant la période de l’étude. Les rapports de risque supérieurs à 1,00 indiquent un risque accru de développer la maladie dans un groupe donné par rapport à tous les autres. Les estimations sont ajustées par année de naissance et par sexe. La largeur de l’intervalle de confiance (IC) de 95 % est fondée sur le nombre de cas dans chaque groupe (plus il y a de cas, plus l’intervalle est étroit).
Figure 2. Risque de diagnostic de mélanome chez les travailleurs employés dans chaque groupe professionnel par rapport à tous les autres, Système de surveillance des maladies professionnelles (SSMP), 2006-2020